Portrait

Un test révolutionnaire apporte de la clarté au diagnostic de cancer de la prostate

Une analyse sanguine qui fournit aux hommes un score indiquant leur risque d’avoir un cancer de la prostate agressif et réduisant le besoin de tests effractifs est maintenant offerte dans plusieurs provinces au Canada grâce à une recherche financée par les donateurs, amorcée il y a 13 ans.

Pour le chercheur John Lewis, Ph. D., chef de projet à l’Université de l’Alberta, tout a commencé par un soutien de la Société canadienne du cancer (SCC). Il s’est vu accorder une subvention pour nouveau chercheur par l’Institut national du cancer du Canada, qui était alors la division de recherche de la SCC avant d’y être entièrement intégré.

« Ce premier projet se concentrait sur ce qui cause la propagation du cancer de différents types, y compris en cancer de la prostate, dit-il. C’est avec ce financement que nous avons entamé notre parcours et avons pu mener à bien cet ambitieux projet. »

Dans le cadre de ce projet initial, le laboratoire de M. Lewis a découvert des marqueurs de cancer qui pouvaient servir à améliorer le diagnostic. Au fil des ans, plusieurs bailleurs de fonds, notamment l’ex-Cancer de la prostate Canada (aujourd’hui la SCC), lui ont accordé des fonds pour mettre au point un test diagnostique du cancer de la prostate.

John Lewis
John Lewis, Ph. D., Université de l’Alberta

ClarityDX Prostate est un test qui repose sur un algorithme d’apprentissage machine (intelligence artificielle) avancé conçu à l’Université de l’Alberta et breveté par Nanostics Inc., une entreprise dirigée par John Lewis. À partir des renseignements cliniques du patient et des marqueurs de cancer de la prostate dans le sang, le test génère, en moins de 24 heures, un score de risque qui prédit la présence d’un cancer de la prostate agressif.

« Ce test évalue si un patient a un risque faible ou élevé de cancer de la prostate agressif, dit M. Lewis. Il s’ajoute au test de l’APS, et vise à fournir plus de clarté aux hommes et à leurs médecins pour leur permettre de décider en toute connaissance de cause de procéder ou non à une biopsie. » 

L’APS, ou antigène prostatique spécifique, est une protéine qui est fabriquée dans la prostate et qui circule dans le sang. La mesure du taux d’APS, par l’analyse sanguine employée couramment, aide à dépister tôt un cancer de la prostate. Toutefois, M. Lewis fait remarquer que le test de l’APS n’est pas très spécifique.

« Dans 80 % des cas où le taux d’APS est élevé, ce n’est pas un cancer de la prostate, explique-t-il. Le problème est que le diagnostic définitif d’un cancer de la prostate demande une biopsie, laquelle est une intervention assez effractive. »

Dans des articles publiés récemment dans Nature Digital Medicine et Cancer Medicine, l’équipe décrit comment le test ClarityDX Prostate a réussi à prédire avec une précision de 95 % qui avait un cancer de la prostate agressif. Les chercheurs affirment que le test est jusqu’à quatre fois plus précis que le test de l’APS seul pour prédire un cancer de la prostate agressif. En outre, le test pourrait signifier jusqu’à 47 % moins de biopsies superflues, et réduire de beaucoup le nombre de traitements inutiles pour un cancer de la prostate.

Todd Hagen, un résidant d’Edmonton, s’estime chanceux d’être « tombé par hasard sur le test » à son café du coin, où il a rencontré le chercheur Desmond Pink, Ph. D., membre de l’équipe de John Lewis.
Todd Hagen, photographié avec un vélo devant un lac et des montagnes
Todd Hagen

Quand Todd a appris que son taux d’APS avait grimpé, l’inquiétude l’a envahi. « J’étais en panique », se souvient-il.

Il s’est mis en quête de revues médicales sur Google pour se renseigner sur le sujet. À un certain moment, confronté aux longs délais d’attente pour voir un urologue au Canada, Todd a même songé à se rendre à l’étranger pour trouver de l’aide.

Or, après avoir entendu parler du test ClarityDX Prostate par Desmond Pink, Todd a transmis l’information à son médecin, qui l’a aidé à effectuer le test. Le résultat a montré que Todd, à l’âge de 54 ans, est dans la moyenne de la plage de risque faible pour ce qui est d’un cancer de la prostate agressif.

« Ce que le test fait, c’est définir beaucoup mieux où l’on se situe dans le profil de risque, dit Todd. Je connais maintenant ma situation de façon nettement plus claire. Le test m’a apaisé et m’a fait comprendre que je n’ai pas besoin de biopsie. Sans le test, j’aurais vécu dans la peur de ne pas savoir ce qui se passait. »

John Breen, un résidant de l’Alberta, abonde dans le même sens. Un test ClarityDX Prostate lui a révélé que son risque d’avoir un cancer cliniquement important était de 84 %. Une biopsie a donc été pratiquée, et a confirmé qu’il était atteint d’un cancer de la prostate modérément agressif.
John Breen, photographié avec une moto devant un champ
John Breen

« À défaut d’autre chose, c’est une prise de conscience qui apporte du réconfort si les résultats sont positifs, dit John. Elle encourage à aller plus loin. Pour ma part, je veux continuer de jouer un rôle de commande, au lieu d’être juste un patient dans un rôle de suiveur. Le test ClarityDX Prostate a aidé à créer cette confiance.

John, un fervent motocycliste de 72 ans au mode de vie actif, collabore avec son équipe médicale pour ses options de traitement. Entretemps, il attend avec impatience les randonnées à moto avec ses « amis Harley ».

À l’heure actuelle, le test ClarityDX Prostate est offert en Alberta, en Colombie-Britannique, en Ontario, au Québec et en Saskatchewan. Il coûte 300 $, mais John Lewis et son équipe travaillent avec le gouvernement pour qu’il soit remboursé.

« Nous croyons vraiment que ce test devrait être gratuit pour les patients et intégré au système de soins de santé, dit John Lewis. Si l’on peut réduire près de la moitié du nombre de biopsies, qui sont très coûteuses, l’utilisation du test ClarityDX Prostate pourrait faire économiser entre 20 et 40 M$ par année au système de soins de santé canadien. Le système ferait des économies significatives. »

Pour l’équipe du chercheur Lewis, la prochaine étape est de rendre le test accessible à l’extérieur du Canada. 

Pour en savoir plus sur les investissements de la SCC dans des projets de recherche novateurs sur le cancer, consultez notre stratégie de recherche.